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quelques mots sur christian Hénon

 

Je crois encore peindre de l'abstraction, je le prétends du moins toujours lorsqu'on me demande ce que je peins, mais quand je peins, je n'ai pas besoin de dire ce que je fais et ma peinture se construit dans l'évidence de ce que nous savons essentiel et pourtant insaisissable, sans surtout rechercher le hasard ou la surprise, parce que tout se résume et se déploie dans l'organisation de la matière et de la couleur.

 

Je m'engouffre dans ce canal, je me canalise dans ce gouffre, et je veux, j'aimerais que ma peinture au regard conjugue aussi intimement les limites qui libèrent et les espaces qui enferment. J'imagine que mon tableau fusionne le détail et l'ensemble, le lointain et le près, le mouvement et le repos, le temps qui passe et le temps qui est. Il m'arrive même de penser que je pourrais donner à connaître de ce que sont les éléments matériels et de ce que sont ceux qui ne le sont pas.

 

Ce travail mérite le doute, la peine, la difficulté, la colère, l'impatience qu'il suscite et sollicite, la peur de ne plus atteindre l'absolue nouveauté de ce qui n'existait pas et que j'élève dans la réalité, en me convaincant, à peindre, que je parviens à distordre son cours, à l'infléchir si ce n'est le capturer, d'une infime fraction dans laquelle tout s'affirme, tout se joue.

 

Jamais bien sur je n'aurais pu écrire ainsi sur ma peinture, sur ce qu'elle représente pour moi, et j'ai dû demander ce soin à celui qui partage ma vie parce qu'il ose exprimer même imparfaitement mais avec le souci de l'exactitude, mais avec sa tendresse, ce que je ressens, qu'il le perçoit à travers mes manques de certitude, mes bégaiements, mon incapacité à traduire autrement qu'en peignant le besoin qui m'anime. 

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